Alice Zeniter, L’art de perdre
Catégorie : LECTURE
A propos d’ Alice Zeniter, L’art de perdre , Flammarion, 2017, coll. poche, 2019.
3 parties, 3 générations, 3 personnages : Ali, Hamid, Naïma
I/ « L’Algérie de Papa » ou comment Ali, Yema, Hamid perdent « un royaume de conte de fées sur les crêtes »
II/ « La France froide » : Hamid grandit dans l’absence de l’Algérie et assez rapidement de la culture musulmane.
« ma vie manque de sel » (p. 323)
III/ « Paris est une fête » : Naïma part en Algérie pour un voyage professionnel.
Cette partie est sans doute la plus intense car, à l’occasion de ce voyage « elle est peut être en train de construire son propre lien avec l’Algérie » ( p.549).
« Elle ne retrouve pas l’Algérie puisque personne ne lui a transmis. »
Par ailleurs, l’Algérie moderne » s’est défaite de ce qui aurait constitué un marqueur important ». (p. 495)
Elle trouve sa place dans sa famille tout en regrettant de ne pas pouvoir comme l’aurait fait sa grand-mère Yema simplement les serrer contre elle et effacer la barrière de la langue..
A son retour en France, va se dérouler « une étrange cérémonie » où elle fait découvrir le royaume de contes de fées à ses oncles et tantes.
Pour autant, « Elle n’est arrivée nulle part.
Au moment où je décide d’arrêter ce texte elle est en mouvement, elle va encore… » (p. 604)
France Fortunet
Alice Zeniter l’Art de perdre
Ed : Flammarion 16 Août 2017
Livre de poche 6 Novembre 2019
Prix Goncourt des lycéens ;
Prix littéraire du Monde ;
Prix des Libraires de Nancy
Alice Zeniter
Née en 1986 d’un père d’origine kabyle et d’une mère française.
Outre ses activités professionnelles (enseignement), elle a écrit 4 romans avant l’Art de perdre dont :
2010 Jusque dans nos bras Albin Michel
2013
Sombre Dimanche Albin Michel
2015
Juste avant l’oubli Flammarion
Elle est aussi dramaturge et metteur en scène et a créé en 2013 sa propre compagnie, « l’entente Cordiale » https://cieententecordiale.wixsite.com/site
Le roman l’Art de perdre
Raconte l’histoire d’une famille kabyle et permet de comprendre la guerre d’Algérie avec un regard neuf. L’héroïne Naïma part à la découverte de ses origines et de son identité, car son père et son grand-père ont recouvert le passé de silence.
Un prologue et 3 parties dans ce livre : -l’Algérie de Papa , centrée sur Ali, le grand-père de Naïma et sur la manière dont ses choix se sont faits , jusqu’au départ pour la France en septembre 1962
-La France froide qui met principalement en scène Hamid, le fils ainé d’Ali et son évolution intellectuelle jusqu’à son émancipation par rapport à sa famille et sa rencontre avec sa future femme. -Paris est une fête (allusion au roman d’Ernest Hemingway où l’auteur témoigne de ses premières années à Paris ?) où l’on voit Naïma , en proie à un malaise du au silence sur ses origines algériennes, qui va partir à la recherche de sin identité lors d’un voyage en Algérie.
A la suite du succès de ce livre, on trouve beaucoup d’interviews d’Alice Zeniter sur internet
:entre autres : https://blogs.mediapart.fr/samira-houari-laplatte L’auteur dénonce l’emploi abusif du mot « harki » https://www.facebook.com/LaGrandeLibrairie/videos/alice-zeniter-dans-la-grande-librairie
Alice Zeniter participe à l’émission « La grande Librairie » https:
//www.facebook.com/LaGrandeLibrairie/videos/alice-zeniter-dans-la-grande-librairie
France culture :
-Faut-il revoir l’enseignement de la guerre d’Algérie ?
-Alice Zeniter parle de « l’Art de perdre » -Je voulais combler les silences de mon histoire.
Et enfin le poème d’Hélène Bishof (dont la dernière strophe n’est pas citée) justifiant le titre du roman :
L’Art – Elizabeth Bishop
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître ;
tant de choses semblent si pleines d’envie
d’être perdues que leur perte n’est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque chose. L’affolement de perdre
tes clés, accepte-le, et l’heure gâchée qui suit.
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître.
Puis entraîne toi, va plus vite, il faut étendre
tes pertes : aux endroits, aux noms, au lieu où tu fis
le projet d’aller. Rien là qui soit un désastre.
J’ai perdu la montre de ma mère.La dernière
ou l’avant-dernière de trois maisons aimées : partie !
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître.
J’ai perdu deux villes, de jolies villes.Et, plus vastes,
des royaumes que j’avais, deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n’y eut pas là de désastre.
BERTHE PINCHON